En nul autre que Lui, il n’y a de sainteté
En nul autre que Lui, il n’y a de sainteté
Frères et sœurs, en ce dimanche de prière pour les vocations, nous demandons au Seigneur de susciter dans notre Église des vocations de prêtres et de religieux, de moines et de missionnaires. Tous, chacun dans sa voie, nous sommes appelés à la sainteté, et pourtant nous avons un besoin vital que des hommes et des femmes entendent l’appel à consacrer toute leur vie au service du Seigneur et à l’annonce de l’Évangile. Voilà pourquoi nous prions le Seigneur.
Ces vocations particulières pour lesquelles nous prions s’enracinent dans l’appel de tous à la sainteté. Pour un authentique disciple de Jésus, il ne peut y avoir de demi-mesure : c’est la sainteté ou rien. « Pour un chrétien, écrivait le pape François dans son exhortation sur la sainteté, il n’est pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la concevoir comme un chemin de sainteté (n°19). »
Mais qu’est-ce que la sainteté ? Mener une vie morale irréprochable ? Connaître la Bible et la foi sur le bout des doigts ? Ressentir des choses dans sa prière de chaque jour ? S’engager au service de telle ou telle cause ? « Bien-aimés, nous disait saint Jean dans la deuxième lecture, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. »
À chaque messe, nous chantons : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers. » « Le Saint », c’est l’un des noms que nos frères juifs donnent à Dieu. En fait, il n’y a que Dieu qui soit saint, et être saint, ce n’est rien de moins que devenir comme Dieu. La vocation dernière de toute personne humaine, c’est la communion avec Dieu, la participation à sa vie. La sainteté, c’est cela : participer à la vie même de Dieu.
Vous me direz peut-être : « Moi, je ne veux pas devenir semblable à Dieu. Je veux juste être sauvé, aller tranquillement au paradis. Cela me suffit. » Je vais être obligé de vous décevoir : cela n’existe pas. On ne peut pas être avec Dieu sans devenir semblable à Dieu. « Nous serons semblables à lui, car nous le verrons tel qu’il est. » Il n’y a pas de sainteté au rabais. La vocation de la personne humaine est unique, et c’est une vocation divine, rappelle le concile Vatican II (Gaudium et Spes 22.5). Quand Dieu se donne, il ne se donne pas à moitié. Son projet pour chacune des personnes qu’il a créées, c’est la divinisation.
Puisque nous sommes appelés à devenir semblables à Dieu – c’est bien en cela que consiste la sainteté – nous voyons que cela dépasse totalement nos forces. Il faut que Dieu lui-même accomplisse ce dont nous sommes incapables. Justement, c’est bien là le cœur de notre foi chrétienne : Dieu s’est fait homme afin que l’homme devienne Dieu, le Christ est devenu ce que nous sommes afin que nous devenions ce qu’il est. « Ce Jésus, affirmait saint Pierre dans la première lecture, est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. »
Il n’y a que le Seigneur Jésus qui puisse nous faire devenir ce que nous sommes appelés à être. Sans lui, il y aurait vraiment de quoi désespérer. Dieu nous dirait : « Je t’appelle à participer à ma propre vie. Voilà, à toi de jouer ! » Ce serait comme se trouver devant un abime infranchissable. Thérèse de Lisieux a fait l’expérience du contraste a priori désespérant entre son désir de la sainteté et son impuissance radicale : « Me grandir, c’est impossible. » Le seul chemin, c’est de se faire tout petit et de choisir chaque jour de se laisser saisir dans les bras de Jésus comme la brebis est portée sur les épaules du Bon Pasteur.
Attention à ne jamais séparer Jésus et son message. Il n’y a pas de christianisme sans Christ, pas de sagesse ou de morale chrétiennes, pas de vertus ou de valeurs chrétiennes sans lui. La sainteté, c’est d’être attaché à Jésus et de le laisser porter du fruit en nous. « Au fond, la sainteté, écrivait le pape François, c’est vivre les mystères de sa vie en union avec [le Christ]. »
Nous connaissons bien cette parole qu’il a dite à ses disciples la veille de sa mort : « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »
Sans le Bon Pasteur, nous ne pouvons pas faire le moindre petit pas sur le chemin de la sainteté. Avec lui, au contraire, rien n’est impossible. Le bon pasteur, le vrai berger qui donne sa vie pour ses brebis. Il connaît chacune de ses brebis, et elles sont précieuses à ses yeux. Le bon pasteur connaît ses brebis, et il connaît aussi le Père, c’est pourquoi lui seul peut conduire les brebis vers le Père. Il n’a pas d’autre désir que celui-là : amener chaque être humain dans le cœur du Père, donner à chacun la vie en abondance.
Frères et sœurs, le Christ est ressuscité des morts. Il est vivant pour toujours. Le Bon Pasteur ne s’est pas absenté en nous laissant un manuel de la brave brebis. Il continue de nous parler, de nous rassembler, de nous nourrir, de nous soigner, de nous faire porter du fruit.
Le Christ est ressuscité des morts. Lorsque nous avons été baptisés, nous sommes devenus membres du Corps du Christ. Nous ne sommes pas membres d’un cadavre, mais d’un corps vivant. Le Bon Pasteur a le pouvoir de donner sa vie en faveur de ses brebis et le pouvoir de la recevoir de nouveau de son Père. Gardons chaque jour le contact vital avec le Seigneur Jésus et apprenons à ceux que nous aimons à tenir sa main, à prier, à écouter la parole, à recevoir les sacrements, à recevoir l’amour et à le donner à chaque instant.
Père Alexandre-Marie Valder