« Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours »

« Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours »

Philippe arrive en Samarie et y proclame le Christ. Pour la première fois, les disciples de Jésus annoncent la Bonne Nouvelle à des gens qui ne sont pas Juifs. Les Samaritains deviennent disciples de Jésus. « Et, ajoute Luc, l’auteur des Actes des Apôtres, il y eut dans cette ville une grande joie. »

Frères et sœurs, sommes-nous encore convaincus, comme l’étaient Philippe et Luc,  que la Bonne Nouvelle est une source de joie ? Sommes-nous convaincus que rencontrer le Christ, que vivre au quotidien en sa compagnie, est une source de joie ? Pourrions-nous redire ces mots que le Pape François nous adressait il y a presque dix ans : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours (Ev. Gaudium n°1) » ?

Frères et sœurs, méditons ensemble sur la joie d’être disciples de Jésus-Christ : joie de connaître la vérité par la foi, joie d’attendre le bonheur du Ciel par l’espérance, joie d’être aimés par Dieu et d’aimer comme lui.

Disciples de Jésus-Christ, nous avons la joie de connaître la vérité par la foi. Tout être humain est fait pour la vérité. « C’est que la vie heureuse est la joie de la vérité, écrit saint Augustin, car c’est la joie née de toi, qui es la vérité, ô Dieu… La joie de la vérité, tout le monde la veut (Conf. X,23,33). »

Quelle merveille de connaître Dieu, le Père du Seigneur Jésus, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort ! Quelle merveille de pouvoir l’écouter et lui parler ! Quelle merveille de se laisser toucher par lui dans les sacrements ! Nous nous habituons trop souvent à cette joie de la vérité. Je crois que nous pouvons alors, sans jugement et sans orgueil, considérer comment vivent ceux et celles qui ne partagent pas notre foi.

On me parlait récemment des jeunes chrétiens Asiatiques venant du bouddhisme et du taoïsme. Tous sans exception s’émerveillent de ce que le monde n’est pas un chaos impermanent et absurde mais qu’il est voulu par Dieu, façonné par Dieu, conduit par Dieu vers son achèvement. Tous sans exception s’émerveillent de ce  que toute personne humaine est unique pour Dieu, connue et appelée par son nom.

Pensons aussi à nos frères et sœurs musulmans, adorateurs d’un dieu sans visage, inconnaissable, avec lequel on ne peut avoir aucune relation tant il transcende infiniment la bassesse humaine. Pensons surtout à tous nos frères et sœurs qui nagent dans le flou le plus complet à propos de Dieu.

Disciples de Jésus-Christ, nous avons la joie de l’espérance, celle d’attendre avec confiance le bonheur du Ciel, la communion avec Dieu. « Mon Dieu, j’espère avec une ferme confiance que tu me donneras, par les mérites de Jésus-Christ, ta grâce en ce monde et le bonheur éternel dans l’autre, parce que tu l’as promis et que tu tiens toujours tes promesses. »

Frères et sœurs, qu’est-ce qui vient entacher en nous la joie de l’espérance ? Deux choses, à mon avis : nos épreuves et nos péchés. Saint Pierre nous rappelle que les épreuves font partie de la vie. Même Jésus en a eu sa part. À nous de tenir bon dans l’épreuve, sûrs que jamais, jamais le Seigneur ne nous lâche. Quant à nos péchés, ils nous attristent, et c’est bien normal. « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints », écrivait Léon Bloy à la fin du roman la femme pauvre. Mais même cela ne doit pas nous voler la joie de l’espérance. Tenons bon la main du Seigneur, et les épreuves, les péchés, n’auront pas le dernier mot dans nos vies.

Nous réentendons à chaque messe ce texte difficile mais plein d’espérance : « Soutenus par ta miséricorde, nous serons délivrés de tout péché, à l’abri de toute épreuve. » Pour ceux qui été unis à Jésus par le baptême, la confirmation et l’eucharistie, le chemin du Ciel est grand ouvert. Ne vivons pas dans l’incertitude ! Nous n’avons pas à nous hisser au Ciel à la force des bras, à faire notre salut : il nous est offert. Notre part, c’est de rester fidèles au don reçu.

Là encore, pensons avec compassion à nos frères et sœurs qui ne croient pas en Jésus. En islam, il y a des personnes prédestinées au paradis et d’autres à l’enfer, et même le croyant le plus observant n’est sûr de rien. Mahomet lui-même aurait dit : « Bien que je sois l’Apôtre d’Allah, je ne sais pas encore ce qu’Allah fera de moi (Bokhari 5.266). ». Comparons avec la confiance de saint Paul : « Le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice (2Tm 4,6-8). »

Disciples de Jésus-Christ, nous avons la joie d’être aimés d’un amour inconditionnel, sans réserve, sans repentir, sans éclipse. Les justes, Dieu les aime inconditionnellement et les attire toujours plus près de son cœur ; les pécheurs, Dieu les aime inconditionnellement et les recherche jusqu’à la dernière extrémité.

Dieu est si bon qu’il bonifie tout ce qu’il touche. Si nous le laissons faire, son amour inconditionnel nous transforme au point que nous aimons comme lui. Lorsque Jésus nous dit : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements », il s’agit de cela : je vous aime et, si vous m’aimez en retour, cela se verra dans votre manière de vivre. Vos actes et vos paroles témoigneront de votre joie de me connaître et de vivre déjà de ma propre vie.

Frères et sœurs, achevons par la prière. Accueillons inconditionnellement l’amour inconditionnel que Dieu nous offre par le don de l’Esprit Saint :

« Roi du Ciel, Consolateur, Esprit de Vérité,  Toi qui es partout présent et qui emplis tout, Trésor des biens et Source de vie, viens, fais en nous ta demeure, purifie et sauve-nous, Toi qui es Bonté. Amen. »

Alexandre-Marie Valder