Homélie du 18 avril 2021

Homélie du 18 avril 2021

Troisième dimanche de Pâques
Année B

Quand les faux bruits ou les rumeurs circulent, il arrive qu’un événement bien réel suscite le doute. La pandémie est un bel exemple ; on entend tout et n’importe quoi. Alors que de très éminents médecins avouent humblement dans certains cas qu’ils ne savent pas. Mais il y a toujours des individus qui savent et qui jettent le trouble.

La résurrection que nous fêtons a commencé par semer le doute et la peur chez les disciples et cela malgré Jésus lui-même qui a multiplié les interventions pour se faire reconnaître. Mais finalement si nous avions été à leur place, est-ce que nous n’aurions pas fait comme eux. ?
Et aujourd’hui encore parmi les croyants certains continuent à dire qu’ils ne croient pas à la résurrection.
Alors qu’il s’agit du point essentiel de notre foi.

L’Évangile d’aujourd’hui illustre assez bien cet état d’esprit.
Les voyageurs de la route d’Emmaüs viennent dire aux apôtres qu’ils ont vu Jésus et ceux-ci de répondre « et nous aussi. »
Mais à peine ont-ils fini de parler que Jésus est là au milieu d’eux et il leur adresse une salutation bienveillante : « La paix soit avec vous »

Que pensez-vous qu’il arriva ? Le doute une fois encore s’installa. Bouleversés ils croient voir un fantôme.

Ils auraient pu penser aux paroles de Jésus : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ».

Mais est-ce que ces oscillations, ces atermoiements ne sont pas aussi les nôtres dans notre vie de foi ?
La foi n’est jamais possédée à titre permanent comme si c’était acquis une fois pour toutes. Sans cesse il faut la renouveler et la fortifier selon les circonstances. Elle doit traverser des périodes de doute et souvent de peur. Il nous faut sans cette passer de la peur à la foi. D’une nouvelle forme de peur à une nouvelle forme de foi.

Certaines personnes à l’occasion d’un décès m’ont dit : « Heureusement que j’ai la foi, sinon je ne sais pas comment j’aurais pu tenir ». D’autres malheureusement n’ont pas supporté l’épreuve et leur douleur s’est transformée en désespoir.

Mais regardons comment cela s’est passé pour Jésus.
L’Évangile parle de peur, de frayeur, de bouleversement chez les apôtres. Ils ont à passer à une nouvelle forme de foi. Mais comment Jésus lui-même est passé de la croix à la résurrection ? Il est passé par l’agonie de Gethsémani où il a été en proie au doute « que cette épreuve pas loin de moi – mais non pas ce que je veux mais ce que tu veux ». C’est ainsi qu’il s’adresse à son Père.
Alors s’il y a des éclipses dans notre foi au Christ ressuscité, ne soyons pas déconcerté, c’est l’itinéraire pascal de toute vie.

Ceci étant, nous ne savons toujours pas en quoi consiste la vie de ressuscité.
Remarquons que dans notre Évangile, Jésus insiste sur le caractère corporel de sa vie nouvelle. « C’est bien moi, leur dit-il, moi avec un corps.»

Les disciples croient voir un fantôme, un esprit. Comme s’il y avait une séparation entre l’âme et les corps, comme le pensaient les Grecs.
Mais notre Évangile de l’entend pas ainsi. Jésus demande à manger et mange devant ses amis. Ne nous demandons pas comment cela peut se faire mais considérons plutôt que Jésus continue à entretenir avec la nature un rapport humain et donc corporel.
Dans sa lettre aux Corinthiens au chapitre 15, l’apôtre Paul parle du corps ressuscité mais son discours ne résout pas vraiment le problème.

Mais l’aspect corporel du Ressuscité nous livre un autre message. Ce n’est pas pour rien que Jésus invite à regarder ses mains et ses pieds transpercés. Son corps porte les marques de toute une histoire depuis Bethléem jusqu’à la Résurrection, rien n’est oublié, rien n’est perdu.
C’est avec tout ce qu’il a vécu dans l’amour parmi nous donc avec son corps que Jésus rejoint son Père. Et pour nous c’est la même chose. Si nous sommes invités à partager l’intimité du Père, c’est avec tout ce que notre corps a fait de beau et de grand dans l’amour.
Comme nous le chantons à la messe des défunts, notre vie n’est pas détruite, elle est transformée

Il y a continuité entre ce que nous vivons sur cette terre et ce que nous sommes appelés à vivre dans l’intimité de Dieu. Comme il y a continuité entre le grain de blé qui meurt en terre et l’épi gorgé de vie.
Une question demeure à propos de la Passion et de la résurrection de Jésus. Pourquoi et comment en est-on arrivé là. Était-ce obligatoire ? N’y avait-il pas moyen de faire autrement.

La fin de notre Évangile nous donne une clef de lecture.
Ici comme pour les disciples d’Emmaüs, Jésus ouvre l’intelligence à la compréhension des Écritures. Et il y a une expression qui revient plusieurs fois : « Il fallait » Il fallait que jésus passe par là ; il fallait parce que nous passons notre temps à dresser des croix pour nos frères dans tous les domaines. Dieu voulait par son Fils rejoindre toutes les victimes, prendre le visage du mal en subissant le traitement réservé aux malfaiteurs. C’est le chef d’œuvre de son amour.

Plusieurs fois dans les Évangiles il est fait allusions à l’Ancien Testament et en particulier aux prophètes pour nous dire que ce qui arrive avait été annoncé. D’où l’importance de comprendre les Écritures pour saisir la démarche de Jésus. Et c’est ce qu’il fait aujourd’hui avec ses disciples comme il l’a fait sur la route avec les voyageurs sur la route d’Emmaüs. « Il était écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre les morts le troisième jour ».

La Passion et la Résurrection de Jésus réalisent ce qui est annoncé dans les écritures. C’est le sommet de la révélation qui a commencé avec l’histoire des hommes. Elle s’est préparée avec des heurts et des bas durant l’Ancien Testament et elle se réalise avec le nouveau avec Jésus Christ qui accomplit la volonté de son Père prévu de toute éternité. Il est venu prendre la place de toutes les victimes de notre mal jusqu’à mourir comme un malfaiteur. En allant jusqu’au bout de l’amour il a vaincu la mort et fait triompher la vie.

Dieu est innocent de la mort du Christ ; ce sont les hommes qui le crucifient. Ils réalisent ce qui était écrit en mettant le comble aux forfaits du passé.
Dieu n’est à la source que de la résurrection c’est-à-dire de la vie. C’est ce que dit Saint Pierre dans la première lecture : Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité »
Que ceci nous invite à prendre au sérieux la parole de Dieu, à la relire souvent avec l’intelligence du cœur. Si nous ne voyons plus Jésus, sa Parole est là pour le rendre présent dans nos vies. Qu’elle soit notre guide et notre soutien. Amen