Homélie du 6 juin 2021
Connaissez-vous le pélican ? C’est un grand oiseau de mer qui a une poche sous son bec. Lorsqu’il revient auprès de ses petits, il les nourrit avec les morceaux des poissons qu’il a pêchés. En observant des pélicans, en voyant les petits plonger la tête dans le bec de leurs parents pour s’y nourrir de poisson, les anciens ont longtemps cru que le pélican nourrissait ses petits de son propre sang. Voilà pourquoi nous retrouvons souvent le symbole du pélican dans nos églises, à Neuves-Maisons par exemple, car il représente le Christ qui nous livre son corps et son sang.
N’est-ce pas ce que nous avons entendu dans l’Évangile ? « Prenez, ceci est mon corps… Ceci est mon sang… » Un soir, il y a 2000 ans, Jésus a rassemblé ses amis pour un repas. Il a pris du pain et du vin. Par sa parole divine, il en a fait son corps et son sang et il les a offerts à ses amis. Une fois pour toutes, il a tout donné ; il s’est offert lui-même ; il a remis sa vie entre leurs mains. Le lendemain, il a montré que sa parole n’était pas un vain mot : il a donné sa vie sur la croix. Il se donne à nous, aujourd’hui, pour que nous comprenions qu’il veut se donner à nous chaque jour.
Ce dimanche, neuf enfants font leur première communion. Et si c’était l’occasion pour nous tous de prêter une plus grande attention à ce qui se passe lorsque nous communions ? Et si nous nous émerveillions à nouveau de ce cadeau ? Je sais que plusieurs ont prié pour ces enfants, sans même les connaître, merci à vous !
En cette fête du Corps et du Sang du Seigneur, je nous lance un défi : renouvelons notre amour de l’Eucharistie et communions comme si c’était la première et la dernière fois. A ce qu’on dit, c’est ce que mère Teresa conseillait à un prêtre : célébrer chaque jour comme si c’était sa première messe, sa dernière messe, sa seule messe.
C’est aujourd’hui la fête du Corps et du Sang du Seigneur. On disait autrefois « la Fête-Dieu », et c’est bien vrai : celui qui va venir se poser dans nos mains et dans nos cœurs, ce n’est ni un symbole, ni un ange ; c’est Dieu lui-même. Saint Thomas d’Aquin, l’auteur de la séquence de ce jour, est on ne peut plus clair. « Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des lois de la nature. L’une et l’autre de ces espèces, qui ne sont que de purs signes, voilent un réel divin. »
Je vous pose une question : savez-vous respirer ? Comment fait-on ? On inspire, on expire, et on recommence. L’Eucharistie, c’est un peu pareil : d’abord recevoir, puis donner, et puis recommencer.
L’Eucharistie, c’est d’abord de l’amour que l’on reçoit sans l’avoir mérité. Jésus se donne à nous sous la forme du pain. Le pain, c’est de la nourriture. Pour que notre corps vive, nous avons besoin de manger chaque jour, n’est-ce pas ? Si nous ne mangeons pas, nous tombons malades. Pour que notre âme vive, nous avons besoin d’une autre nourriture : Jésus lui-même.
« Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » s’émerveille le psalmiste. L’Eucharistie est d’abord un cadeau que nous recevons humblement. La belle pratique de certains de recevoir l’hostie sur la langue doit garder vive cette vérité en tous : nous recevons notre vie du Seigneur, comme les petits pélicans de leurs parents. Ceci étant posé, recevons le Seigneur comme nous le désirons, pourvu que nous ayons le cœur humble.
Une personne m’a dit un jour qu’elle ne répondait jamais « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir », car elle se sentait toujours digne. Puissions-nous ne jamais en arriver là !
Voici pour inspirer. Mais comment expirer ?
L’Eucharistie, c’est du concentré d’amour, pour nous permettre à nous aussi d’aimer ceux qui nous sont donnés : notre époux, nos enfants, nos collègues de travail, et aussi l’autre pingouin qui se traîne au volant de sa voiture devant nous.
Chaque fois que nous communions, nous prenons un engagement devant le Seigneur. Je ne sais pas si vous avez fait attention ; dans le texte de l’Exode que nous avons entendu, le peuple dit : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique ». Partout où Jésus passait, il faisait le bien : voilà ce que chacun de nous, petit ou grand, avons à mettre en pratique. « Je tiendrai mes promesses au Seigneur, dit le psalmiste, oui, devant tout son peuple. »
Aimer comme Jésus, nous n’y arrivons pas complètement, c’est certain. Alors chaque soir, prenons le temps, avec Jésus, de regarder notre journée : « Qu’est-ce que j’ai fait de beau et de bon, qui a rendu les autres heureux et qui m’a rendu heureux, moi aussi ? Au contraire, qu’est-ce que j’ai fait de mal, qui a fait de la peine aux autres et dont je ne suis pas fier ? » Nous pouvons regarder Jésus avec confiance : il nous aidera à faire le bien et à éviter le mal. Il n’est pas un général qui sanctionne l’officier qui a échoué dans sa mission, mais un frère qui nous relève et nous encourage à faire mieux demain.
Inspirer. Expirer. Recommencer.
L’amour est affaire de fidélité. Chaque année revient le cycle des fêtes, comme celle d’aujourd’hui. Chaque semaine, nous avons rendez-vous avec Jésus dans l’Eucharistie du dimanche. Chaque jour, il tend l’oreille, désireux que nous lui confiions nos joies et nos espoirs, nos tristesses et nos angoisses. L’Eucharistie, c’est aussi cela : Jésus qui attend dans nos églises que nous lui rendions visite ; Jésus au cœur de nos villes pour que nous n’oubliions pas de le mettre au cœur de nos vies.
Alexandre-Marie Valder, prêtre.