La prière et « ChatGPT’

La prière et « ChatGPT’

La prière et « ChatGPT’
Ces NON qui gardent notre dignité
Soyons des poissons bien vivants !
(Tout ça !)

Jésus serait-il celui qui dit toujours « oui » ? Y compris lorsqu’il est tenté par le diable pendant ses quarante jours au désert ?
Il n’en est rien, nous le savons. Toute sa vie est ponctuée de contradictions qu’il apporte à ceux voulant l’entraîner vers le pouvoir, la possessivité, l’idolâtrie, …
Pouvoir encore dire « non » est du côté de la vie ! C’est cette motivation qui s’exclame : « ça, j’y tiens ! On ne me l’enlèvera pas ! »
La fameuse « crise du sens », déplorée ici et là, est en partie liée à cette absence de lutte pour ce à quoi nous tenons.

Un exemple d’aujourd’hui : le carême nous invite à creuser notre prière. Dans le même temps, j’apprends que la très fascinante « intelligence » artificielle ChatGPT (robot conversationnel qui répond oralement, de manière élaborée, à vos questions) peut vous sortir « des prières » à la demande.
Voilà bien un exemple de ce qu’il faudra refuser. Sans aucune gêne du genre : vais-je apparaître (l’apparence toujours…) comme «réac » ?

Quittons nos plaintes, passives, sur « la perte de sens ». Comment ? En prenant position : La prière, c’est ce qu’il y a de plus précieux en nous, sincère jusqu’à la vérité inatteignable de chaque être humain ; C’est ce cri pouvant jaillir de l’intimité d’où coulent les larmes, de joie comme de tristesse ; C’est ce souffle unique, irremplaçable, qui cherche les mots ou qui ne peut pas en trouver, et que l’Esprit de Dieu rejoint ; C’est ce cri éminemment personnel et en même temps universel, du psalmiste jusque dans les camps de concentration, du coeur neuf de l’enfant jusqu’au chapelet de la grand-mère revenant du cimetière. Et bien plus encore…

Voilà ce qu’une « prière » sortie de ChatGPT, usurperait. Veut-on s’habituer à l’absurde ?
Allons-nous encore une fois ânonner : « Oooh quoi… c’est pas grave !… »

Renouons avec cette belle gravité qui est en nous ; c’est elle qui nous fait dire encore, pour de nombreux autres sujets : ça, j’y tiens ! Je tiens bon. A contre-courant quand il le faut. Selon l’adage : « il n’y a que les poissons bien vivants qui remontent le courant ! »

Marc Haeussler