Nous attendons en veillant dans la foi

Nous attendons en veillant dans la foi

Nous attendons en veillant dans la foi

Frères et sœurs, je dois vous l’avouer : il m’a été très difficile de trouver quelque chose à vous dire ce matin. Le temps de l’Avent nous met devant les yeux le Seigneur qui vient, celui devant qui seront dénoncées toutes les vanités, les hypocrisies et les rodomontades. « Les cieux disparaîtront avec fracas, nous avertissait Pierre dans la lecture,  les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper. »

Nous pourrions très bien pencher du côté de la peur qui paralyse et qui empêche d’agir, mais cela ne nous avancerait à rien. Il serait même encore plus facile de pencher de l’autre côté, comme si Dieu parlait dans le vide, comme si nous n’avions rien à changer dans nos vies. Et pourtant, il faut bien prêcher…

Frères et sœurs, le temps dans lequel nous sommes n’a pas pour but de nous préparer à la naissance de Jésus. Le Seigneur Jésus est déjà venu, homme parmi les hommes. L’Avent est d’abord ce temps qui nous tourne vers l’avenir, vers son retour dans la gloire. Presque chaque jour de l’Avent, avant la prière eucharistique, nous réentendons la même préface qui dit ceci :

« Il est déjà venu, en assumant l’humble condition de notre chair, pour accomplir l’éternel dessein de ton amour et nous ouvrir à jamais le chemin du salut ; il viendra de nouveau, revêtu de sa gloire, afin que nous possédions dans la pleine lumière les biens que tu nous as promis et que nous attendons en veillant dans la foi. »

Nous attendons en veillant dans la foi : voilà l’aspect de la vie chrétienne sur lequel l’Avent porte notre attention. Nous attendons en veillant dans la foi. Si, comme moi, vous vous dites que votre foi est bien fragile et tremblotante, alors soyez rassurés : la foi dont il s’agit, ce n’est pas d’abord la nôtre, mais celle de l’Église.

Pour la plupart, nous avons été baptisés bébés. Juste avant notre baptême, le prêtre a d’abord demandé à nos parents, parrain et marraine de professer la foi de l’Église, dans laquelle tout enfant est baptisé. Ensuite, il leur a demandé s’ils voulaient que nous soyons baptisés dans cette foi.

Ainsi, nous n’avons pas été baptisés dans notre foi, ni dans la foi de nos parents, parrain et marraine, ni dans la foi du père Untel, mais bien dans la foi de l’Église. Bien sûr, normalement, la foi de l’Église, de nos parents et du père Untel, c’est tout un. Il n’empêche que, même si le célébrant n’est pas très concentré, même si les parents, parrain et marraine ne sont pas très convaincus – cela arrive –, lorsqu’on demande « Rejetez-vous le péché ? Croyez-vous en Dieu le Père tout-puissant ? En Jésus-Christ le Seigneur ? En l’Esprit-Saint à l’œuvre dans l’Église ? » ce ne sont pas seulement les personnes présentes qui répondent. La Vierge Marie et saint Joseph, les Apôtres et tous les saints connus et inconnus joignent leurs voix pour répondre un grand « Oui ! ». C’est dans ce « Oui ! », dans cette foi, que nous avons été baptisés. Les hommes et les femmes qui se rendaient auprès de Jean le Baptiste étaient baptisés dans l’eau ; nous, nous avons été baptisés dans l’Esprit Saint et dans la foi de l’Église. N’ayons pas peur, car tout un peuple de croyants veille avec nous et nous soutient tandis que nous attendons en veillant dans la foi.

Frères et sœurs, nous attendons en veillant dans la foi ; qu’attendons-nous exactement ? Chaque jour, à la messe, après le Notre Père, nous nous souvenons que nous attendons d’être un jour et pour toujours libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve, que nous attendons la réalisation de notre espérance et l’avènement du Seigneur. Saint Pierre le dit autrement dans la deuxième lecture : nous attendons l’avènement du jour de Dieu, nous attendons un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ; nous attendons que Dieu vienne achever sa victoire sur le mal.

Chaque année lorsque revient le temps de l’Avent, nous nous souvenons que le Seigneur est déjà venu il y a 2000 ans, qu’il s’est laissé voir, entendre et toucher ; et aussi qu’il reviendra un jour comme il l’a promis, que nous pourrons le voir, l’entendre, le toucher.

Cela veut-il dire que le Seigneur est totalement absent de nos vies aujourd’hui ? Absolument pas. Le sens de l’Avent, comme le rappelait le pape Benoît XVI en 2009, c’est que le Seigneur est ici. Même si, aujourd’hui, nous ne pouvons pas le voir, l’entendre ou le toucher, il n’est pas absent, il ne nous a pas laissés seuls. Il est venu hier, il reviendra demain, et aujourd’hui il ne cesse de venir, de nous rendre visite.

Frères et sœurs, tout événement est un avènement. Tout ce qui se produit dans notre quotidien est une visite du Seigneur qui vient frapper à la porte de notre vie. Lorsque nous nous sommes habitués à faire silence, à méditer la parole de Dieu, à prier le rosaire, à faire relecture de nos journées et de nos semaines, bref ! lorsque nous avons pris les moyens de nous rendre attentifs au Seigneur qui ne cesse de venir, nous apprenons à le reconnaître.

Nous attendons en veillant dans la foi. Attente et attention vont ensemble. Il s’agit d’une attente attentive à discerner les traces du Seigneur qui me visite. Ce que je désire de tout cœur pour chacune et chacun de nous, c’est que ce temps de l’Avent nous permette de donner une place au silence, de creuser en nous la disponibilité, d’attiser le désir de rencontrer le Seigneur qui ne cesse de venir.

Je vous demande de prier pour moi, et que nous priions les uns pour les autres : demandons au Seigneur de nous garder vigilants, afin que nous ne soyons pas des gens habitués, blasés, indifférents, mais au contraire toujours émerveillés et consolés par cette grande nouvelle : le Seigneur est venu, il reviendra, il ne cesse de venir.

Père Alexandre-Marie Valder